Un peu d’histoire

agatheSophie-Agathe SASSERNO (1810 – 1860)

 

Portrait par Biscarra

Agathe Sophie Sasserno, est une poétesse bien oubliée aujourd’hui, mais on peut souhaiter que dans l’institution qui porte son nom on apprenne aux élèves quelques-uns de ses poèmes, d’un romantisme fébrile, bien dans le ton de l’époque de Hugo et Lamartine avec lesquels la jeune Sophie entretint une correspondance.

Agathe Sophie est née place Victor (Garibaldi aujourd’hui). On peut y voir un signe du destin, elle qui termina sa vie dans l’admiration de cet homme, symbole d’aventure et de courage. Le bruit du canon et de la mitraille, la jeune Sophie en fut bercée par les récits de son père le lieutenant-colonel Louis Sasserno, aide de camp de Masséna.

Lorsque l’on regarde le portrait de Sophie, on est surpris par la mélancolie, chez une si jeune fille. Sophie se plaint de vivre dans la solitude mais a une peur encore plus grande de l’amour. Elle qui n’a certainement jamais connu l’amour d’un homme, se consola avec sa patrie, Nice.

Mais voici le temps venu de la naissance d’une nation, Sophie s’enthousiasme pour Garibaldi, elle s’enflamme, elle jubile…

Sophie écrit, pense en français mais son coeur bat pour cette Italie naissante. Quelques mois avant l’annexion de Nice par la France elle écrit à une amie à Turin : «Occupe toi sans retard de ma nationalité chère Olympia, je tiens beaucoup à mourir italienne. »

Son voeu fut en partie exaucé, elle s’éteindra à l’âge de cinquante ans le 6 juin 1860, une semaine avant le référendum qui rattacha Nice à la France.

 

Les origines au XIXème siècle

Les frères des écoles chrétiennes furent appelés à Nice, en 1833, alors que le Comté appartenait au Royaume d’Italie. En 1860, par le Traité de Turin, les comtés de Nice et de Savoie furent rattachés à la France.

A cette époque, les Écoles de Nice étaient, depuis 1853, dirigées par le Frère Salutaire. Après l’annexion, les frères italiens rentrèrent dans leur pays, tandis que les savoyards se dévouèrent aux Écoles françaises. Charles III s’adressa au Frère Salutaire pour s’occuper de l’instruction et de l’éducation des jeunes monégasques, quelques peu indisciplinés, paraît-il. On raconte qu’ils allèrent jusqu’à subtiliser la hallebarde au suisse de la cathédrale.

Le Frère Salutaire désigna trois Frères sous la direction du Frère Thionis. Les enfants le reçurent à coups de pierres, mais la patience et le dévouement vinrent rapidement à bout des jeunes mutins. L’École produisit d’heureux fruits dont ont bénéficié de nombreuses générations de monégasques.

Salutaire resta jusqu’en 1880, à la tête des Écoles de Nice dont les Frères, détachés dans quatre centres, se réunissaient à la Communauté du Gesu, rue de la Condamine

En janvier 1889, le Frère Trivier, provincial, profita de sa visite à Nice pour fonder avec le directeur Spinola, l’Amicale des Anciens Élèves des Frères de Nice, à l’instar de celle de Béziers, Marseille ou la Ciotat.

Vincent Levrot en fut le premier Président pour 17 ans.

Cette Amicale fut la providence des oeuvres scolaires de Nice, dirigées par les Frères des Écoles Chrétiennes. Prévoyant les fermetures imposées par la laïcisation de 1886, elle créa le Comité des Écoles de Nice dont le premier président fut Jules Gilly. La loi de 1886 instituait un délai de cinq ans pour la fermeture des écoles privées tenues par les Congrégationalistes. Malgré ses sympathies pour les Frères, la municipalité de Nice dut appliquer la loi en fin d’année scolaire 1891.

En 1891, les Écoles gratuites étaient ouvertes, elles comprenaient la Cathédrale, le Cercle Catholique (dit de Paulliani) et la Maîtrise Notre-Dame un peu plus tard en 1894. L’École Saint-Louis quitte le vieux Nice et s’installe dans la villa Bottero appartenant à la famille Sasserno, sur la place du même nom.

 

L’institution Saint-Louis, Sasserno de 1891 à 1904

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La Villa Bottero donne sur un jardin planté d’orangers et bénéficie du voisinage d’une autre villa avec ses lauriers et ses micocouliers agrémentés du chant des oiseaux. La verdure égayera pendant longtemps le cite mi-citadin, mi-rural. « Jamais nos Frères, à Nice, n’avaient eu une si belle installation » pourra-t-on dire.

La Villa servant de logement à la Communauté, le Comité des Écoles fit immédiatement, avec les dons recueillis, construire un immeuble pour les classes, sur la partie sud, en deux étapes et la rentrée de L’institution Saint-Louis eut lieu le 5 Octobre 1891.

École spéciale, comme on disait, c’est-à-dire Secondaire avec demi-pension et externat. Elle commença avec 238 élèves et en 1900, elle atteignait 300 élèves.

Le premier directeur fut le Frère Louis Bonnet (ou encore Frère Spinola) jusqu’en 1896 et il alla ensuite à l’École Pauliani. Son successeur, le Frère Siméon fit connaître l’Institution en 1898 comme ayant un enseignement secondaire et préparant au Baccalauréat. Il faut aussi évoquer le Père Pacôme qui fut très apprécié de ses élèves.

La Société Civile, anonyme, immobilière de la place Sasserno prenant la suite du Comité des Écoles fut constitué le 18 avril 1891. Elle veillera à la défense des droits de l’École avec une fidélité exemplaire et elle poursuivra son activité jusqu’à nos jours.

La poétesse Sophie Agathe Sasserno avait habité cette villa et son souvenir devait être un gage du goût des études et de la culture qui devaient s’y développer.

Les années prospères allaient se terminer sur l’hostilité des gouvernants d’alors. Fallait-il que le Comté de Nice ait a regretter la tutelle bienveillante du Gouvernement de Turin, de la Maison de Savoie ?

 

Sasserno de 1904 à 1927

L’École s’organise après le départ des Frères La direction fut assurée par Monsieur Rousset, puis par Monsieur Durivaux-Exbrayat, père du romancier bien connu. L’épreuve de la guerre 14-18 frappera aussi les anciens élèves de Sasserno morts pour la défense de la Patrie.

Parallèlement fonctionnait une Institution de jeunes filles, Sainte-Marie fondée en 1875 et qui occupa l’immeuble de la Villa Bottero au nord, durant cette période. Elle était dirigée par les demoiselles Orengo et ce jusqu’en 1938.

Un enseignement commercial fut instauré qui rendit service. La Maîtrise de la Cathédrale vint s’adjoindre à l’institution.

En 1910, une surélévation fut réalisée sur la rue Rancher. A la mort de monsieur Durivaux une démarche fut entreprise notamment par messieurs Soubra et Abadie pour le rattachement de l’École Sasserno au Diocèse de Nice.

 

Sasserno de 1927 à 1938

Le Diocèse prend la direction de l’École Sasserno en 1927 et monseigneur Ricard la confie au Père Prat, prêtre de grande valeur, à la silhouette vive et élancée; il avait été professeur au petit séminaire de Grasse et collaborateur du Père Ponsard comme sous-directeur de l’École Masséna (future Stanislas). Celui-ci se séparait à regret de son adjoint et écrivait « Masséna et Sasserno, c’est la même oeuvre qui se poursuit : il n’y aura qu’une école là où il n’y aura qu’un coeur et qu’une âme. » Tout un programme.

Des transformations matérielles importantes sont faites : construction d’un petit bâtiment au sud-ouest, installation du chauffage central et l’école comporte un internat. L’effectif passera de 300 à 450 élèves.

 

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L’Institution put reprendre son site en totalité : en 1937, l’externat Sainte-Marie cessa son activité et lui céda la place de la villa.

On ne peut citer tous les prêtres qui ont travaillé pour Sasserno à cette époque, il suffit de rappeler quelques noms : Mgr Daumas, Chanoine Rostan. Le Supérieur et Directeur, le Père Prat mourut en 1938, Mgr Boyer lui succéda puis le Père Roubaudi

L’institution Sasserno de 1939 à 1991

En 1939, Mgr Rémond unifie pour un an Sasserno et Masséna par suite de mobilisation des professeurs.

En juin 1940, Masséna passera sous la direction de Stanislas de Paris et adoptera la dénomination.

A l’armistice, Sasserno reprend son activité. Notons que par la suite des enfants juifs seront cachés à la demande  de l’Évêque Mgr Rémond.

L’état d’Israël à tenu à honorer l’école en décorant  le 10 décembre 2007 l’abbé Pierre Roubaudi de la médaille de «  Juste parmi les Nations ». Sous sa direction de 1942 à 1947, l’équipe éducative a accueilli et sauvé de la persécution nazie 32 enfants juifs  en 1943 et 1944

En 1946, l’internat fut supprimé et permit de recevoir plus d’élèves.

Le Père Pacaud prend ses fonctions en 1963, année où est signé le Contrat d’Association avec l’État. Un préfabriqué est édifié  avec quatre pièces, les étages sur la rue Rancher sont augmentés de salles de classes et en Primaire, des salles refaites et agrandies,  le réfectoire redistribué et insonorisé, la cuisine est modernisée avec succès. Pour répondre aux exigences pédagogiques : laboratoire vidéo, Techno, salle d’informatique et club info, il fut décidé d’agrandir les locaux en construisant et surélevant le bâtiment Sud, en 87  et 88, l’architecte étant un ancien élève, Daniel Curti. Un immeuble à trois étages avec 12 salles au lieu de 4, un gymnase et la chapelle au rez-de-chaussée. Le tout sera inauguré et béni par Mgr Saint-Macary, évêque de Nice, et en présence des autorités locales.

 

De 1991 à nos jours

 

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