SASSERNO ET CES ANCIENS TOUCHES PAR LE DRAME DE NOTRE DAME

Dans cette période trouble où constamment nous devons produire un effort pour ne pas perdre les repères que nos parents nous ont montrés, et que nous devons transmettre à nos enfants, je vous invite à méditer le texte de notre ami et condisciple de Sasserno Eric Schilling.
« La liberté est-elle sans limites et jusqu’où doit-on respecter les religions ?
La liberté va-t-elle jusqu’à autoriser un droit de mentir ? A-t-on la liberté de tuer ? La décapitation récente d’un professeur d’histoire et de géographie, ou la tuerie sanglante de la Basilique Notre Dame à Nice, et d’autres événements tragiques plus lointains mettent en question les rapports qu’on pensait « simples » entre la liberté et le respect des religions. A-t-on le droit de tuer l’autre parce qu’il est chrétien : c’est un problème interne au droit musulman, le droit au djihad, mais ce droit, s’il est légitime par rapport au Coran ou aux hadiths, ne correspond pas aux lois de la République Française. Depuis l’abolition de la peine de mort, l’Etat français se refuse la liberté de tuer des criminels.
D’ailleurs le problème est moins de savoir si les enseignants et les journalistes ont la liberté de parler des caricatures du Prophète, que de savoir s’il s’agit là de blasphème et il vaudrait mieux s’interroger sur la nature du blasphème et si ce fait est blasphématoire universellement (comme une sorte de droit naturel) ou uniquement pour les musulmans, et légiférer les recours devant un tribunal international ou national qui dicteraient les éventuelles sanctions. D’après la douleur ressentie devant des propos blasphématoires, on pourra comparer cela à un « viol », un viol de la conscience du croyant. Devant qui le croyant « violé » peut-il exposer sa douleur et sa souffrance, en espérant réparation ? Cela semble difficile dans la République française. D’où la tentation de se faire justice soi-même. La violence surgit, terrifiante. C’est cette terreur que certains vivent, jusqu’à payer de leur vie.
Puis les terroristes en profitent.
Bien qu’il semble, en France, qu’on ne puisse pas être inquiété pour ses opinions, ce qui est la conséquence de la revendication d’être libre à tout prix qui a ses racines dans la Révolution Française et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, on n’est pas libre d’être contre cette liberté républicaine, sous peine d’être accusé de « séparatisme ». Il est clair que la liberté a des limites et notamment les limites propres à la liberté qui interdisent de ne plus vouloir la liberté. Il y a des limites à tout, à notre niveau humain et même pour Dieu dans son rapport à l’homme : tout n’est pas possible pour un être humain. On ne peut pas avoir le droit de tout dire sauf en psychothérapie ou en confession devant Dieu ou bien sauf….dans le cas de l’art….L’art est-il liberté absolue ? L’art peut-il aller jusqu’au blasphème ? Pas mal d’artistes sont morts d’être artistes, l’engagement de l’artiste est qu’il vit au plus près de la mort, il prend des risques ultimes…Des religieux aussi sont morts du fait de leur foi, de Hallaj à Tibérine. L’art, la religion, c’est du sérieux et c’est dangereux. »
Eric Schilling, professeur et docteur en philosophie, ethnomusicologue
Publications :
Socrate chez Mickey, Michalon; L’homme chez Dieu, Michel de Maule ; La musique de Shiva, Michel de Maule ; Toro, Michel de Maule ; Religion et liberté, Michel de Maule. L’art et l’absolu, Michel de Maule,
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